mardi 10 septembre 2013

Norvège: victoire d’une droite hétéroclite condamnée à s’entendre


Victorieuse des législatives en Norvège, la conservatrice Erna Solberg a une tâche ardue devant elle pour former un gouvernement viable avec ses alliés de la droite populiste et du centre droit, dont les vues peuvent être radicalement opposées.
“Tout le monde a compris qu’ils ne pourront avoir gain de cause sur l’intégralité de leur programme”, a déclaré mardi “Erna de fer”, appelée à prendre la tête d’un nouveau gouvernement après sa victoire électorale la veille.
“Tout le monde devra négocier. Ce sera donnant-donnant”, a ajouté la dirigeante de 52 ans.
Lundi, les quatre partis de droite et de centre droit ont remporté une nette majorité de 96 sièges sur 169 au Parlement, selon des résultats quasi définitifs qui sonnent le glas pour la coalition de centre gauche, victime d’usure du pouvoir après huit ans de règne.
Le Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg a concédé sa défaite tard lundi soir et annoncé qu’il présenterait sa démission après la présentation du projet de budget 2014 le 14 octobre.
Erna Solberg S’ils étaient d’accord pour sortir les sortants, les partis dits “bourgeois” —du centre droit à la droite populiste antiimmigration— ont maintenant un peu plus d’un mois pour tenter de trouver une plateforme de gouvernement viable.
Les éditorialistes leur prédisaient un chemin semé d’embûches, tant les désaccords sont importants sur les questions d’immigration, de climat, d’environnement, d’aide au développement ou encore d’utilisation de l’immense manne pétrolière du pays.
“On n’a jamais ouvert un œuf Kinder surprise plus palpitant dans l’histoire politique norvégienne”, écrivait mardi Harald Stanghelle, rédacteur en chef politique du journal de référence Aftenposten, en relevant les différences de vues et de style entre les composantes de la nouvelle majorité.
“Le plus dur reste à faire”, renchérissait Hanne Skartveit, la commentatrice du journal populaire Verdens Gang (VG). “Erna Solberg doit unir les points de vue presque inconciliables de partis extrêmement différents”.
Les populistes du Parti du progrès (FrP) sont paradoxalement parmi les vainqueurs du scrutin, alors que les électeurs les ont relégués de la deuxième à la troisième place, et fait tomber à 29 sièges contre 41 dans le Parlement sortant.
Après avoir été confinés dans l’opposition depuis sa naissance il y a 40 ans, le FrP semble maintenant le partenaire gouvernemental le plus probable pour les conservateurs, force dominante avec leurs 48 sièges.
“Je crois que le FrP va avoir beaucoup d’influence (...) C’est le deuxième parti à droite et (...) il ne soutiendra pas un gouvernement sans avoir gain de cause sur une bonne partie de sa politique”, a déclaré à l’AFP Johannes Bergh, chercheur à l’Institut de recherches sociales d’Oslo.
“On peut s’attendre à ce qu’il s’arcboute sur la question de l’immigration et à ce qu’il réclame un certain resserrement dans ce domaine”, a-t-il dit.
Le Parti du progrès a un temps accueilli dans ses rangs Anders Behring Breivik, l’extrémiste de droite qui allait tuer 77 personnes le 22 juillet 2011, mais il a nettement condamné l’auteur des attaques.
Dès lundi soir, sa chef Siv Jensen a promis des “négociations serrées”, s’engageant à laisser une “empreinte forte” dans le futur programme de l’exécutif.
Avec leurs 19 parlementaires, les deux petits partis de centre droit, les démocrates-chrétiens et les libéraux, sont prêts à soutenir un tel gouvernement, sans nécessairement y participer. Mais ils devront en retour avoir quelques os à ronger.
Outre la délicate question de l’immigration, les pommes de discorde comprennent l’ouverture à la prospection pétrolière des eaux baignant l’idyllique archipel des Lofoten dans le Grand Nord, des vues très opposées sur le changement climatique et la proportion des revenus pétroliers que le riche État norvégien peut utiliser sans nuire à la compétitivité de l‘économie.
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